The Freeman Spogli Institute for International Studies (FSI) at Stanford University is pleased to announce that Jennifer Pan has been appointed to the position of FSI Senior Fellow, effective September 1. The appointment is concurrent with her promotion to professor at Stanford’s Department of Communication.
At FSI, Pan will work primarily within the Center on China’s Economy and Institutions (SCCEI) and will also be affiliated with the Cyber Policy Center. Her research focuses on political communication and authoritarian politics. She uses experimental and computational methods with large-scale datasets on political activity in China and other authoritarian regimes to answer questions about how autocrats perpetuate their rule; how political censorship, propaganda, and information manipulation work in the digital age; and how peoples’ preferences and behaviors are shaped as a result.
"Jennifer is both a top expert in political communication and authoritarian politics and an outstanding teacher," said FSI Director Michael McFaul. "I’m eager to see how her groundbreaking approach will influence research across the institute and inspire our students in the classroom."
Jennifer is at the forefront of research in her field. We are thrilled to have her officially join our team and I can’t wait to see where her research takes her next."
Scott Rozelle
Co-director of SCCEI
Scott Rozelle, co-director of SCCEI, added: "Jennifer is at the forefront of research in her field, conducting groundbreaking empirical research that uses the unique lens of communication to build understanding of China’s economy and its impact on the world. In the past year alone, Jennifer gave several lectures to our SCCEI community, all of which drew large audiences and sparked lively discussion. We are thrilled to have her officially join our team and I can’t wait to see where her research takes her next."
Pan’s book, “Welfare for Autocrats: How Social Assistance in China Cares for its Rulers,” shows how China’s pursuit of political order transformed the country’s main social assistance program, Dibao, for repressive purposes. Her work has appeared in peer-reviewed publications such as the American Political Science Review, American Journal of Political Science, Comparative Political Studies, Journal of Politics, and Science.
“Jennifer Pan is one of the most exciting, creative and innovative scholars in the field of social media and network analysis,” said Nathaniel Persily, co-director of the Cyber Policy Center. “She has written foundational works relating to the internet in China and has very important research underway concerning the effect of social media on politics in the United States.”
Pan graduated summa cum laude from Princeton University in 2004 and obtained a Ph.D. from Harvard University in 2015. Prior to Stanford, Pan was a consultant at McKinsey & Company. She was also a fellow at Stanford’s Center for Advanced Study in the Behavioral Sciences from 2019 to 2020.
Pan’s research focuses on political and authoritarian politics, including how preferences and behaviors are shaped by political censorship, propaganda, and information manipulation.
Tara manages communications for the Cyber Policy Center, supporting its six programs with graphic design support, social media, print and digital publishing, special events, video editing and other communication needs. Prior to the Cyber Policy Center, Tara was the Communications Manager for the MBA Program at Stanford's Graduate School of Business. Previous to that, she worked at a number of start ups around the Bay Area. She has a Masters in Creative Writing.
As Tara Cottrell, she is the co-author of Buddha's Diet (Hachette) that has been translated into eight languages, Portuguese, Spanish, Dutch, Italian, Czech, Vietnamese, German and Polish. Her fiction has appeared in print in ZYZZYVA, Missouri Review, Indiana Review, Zoetrope and others.
Communications Associate,
Cyber Policy Center, Freeman Spogli Institute for International Studies
Riana Pfefferkorn was a Research Scholar at the Stanford Internet Observatory. She investigated the U.S. and other governments' policies and practices for forcing decryption and/or influencing the security design of online platforms and services, devices, and products, both via technical means and through the courts and legislatures. Riana also studies novel forms of electronic surveillance and data access by U.S. law enforcement and their impact on civil liberties.
Previously, Riana was the Associate Director of Surveillance and Cybersecurity at the Stanford Center for Internet and Society, where she remains an affiliate. Prior to joining Stanford, she was an associate in the Internet Strategy & Litigation group at the law firm of Wilson Sonsini Goodrich & Rosati, and a law clerk to the Honorable Bruce J. McGiverin of the U.S. District Court for the District of Puerto Rico. During law school, she interned for the Honorable Stephen Reinhardt of the U.S. Court of Appeals for the Ninth Circuit.
Riana has spoken at various legal and security conferences, including Black Hat and DEF CON's Crypto & Privacy Village. She is frequently quoted in the press, including the New York Times, the Washington Post, and NPR. Riana is a graduate of the University of Washington School of Law and Whitman College.
Complete list of publications and recent blog posts here.
En octobre 2020 se tiendra en Guinée une élection présidentielle cruciale, qui déterminera si le Président Alpha Condé poursuivra son mandat pour une nouvelle décennie, ou si le pays connaîtra le premier changement de régime démocratique de son histoire. L’élection a aussi d’importantes implications économiques pour les investisseurs étrangers en Guinée.
Dans les mois précédant l’élection, nous avons identifié un réseau de 94 Pages Facebook qui relaient, de manière coordonnée, des publications favorables à Condé et à son parti. Ces Pages, qui comptent au total plus de 800 000 abonnés, publient des textes et des images pro-Condé, et promeuvent des vidéos qui proviennent de médias affiliés au gouvernement. Un faisceau d’indices – des événements relatés dans la presse, des pratiques de publication spécifiques, d’autres éléments encore – permet d’établir un lien entre ces Pages et le parti de Condé, le Rassemblement du Peuple Guinéen (RPG). Plus spécifiquement, il établit un lien avec son équipe de “volontaires communicants” (“Volcom” en abrégé), en réalité salariés du RPG. Les administrateurs des Pages du réseau dissimulent leurs véritables identités sous de faux noms comme « Alpha le Démocrate ». Les Pages ne révèlent pas les relations formelles, voire salariées, de leurs auteurs avec le RPG.
Nous avons partagé une version de cet article, ainsi que les données associées, avec Facebook. Facebook a estimé que les Pages et comptes de ce réseau ne constituent pas une « action inauthentique concertée », et le réseau n’a pas été suspendu. Bien que les activités que nous avons découvertes ne suffisent pas à justifier une action répressive de la part de Facebook, comme la suppression des comptes, ou l’étiquetage des Pages, il nous semble que ces activités ne favorisent pas une vie politique transparente ou des élections équitables. Le cas de la Guinée soulève des questions plus larges : où et comment faire la distinction entre une campagne électorale moderne et des « actions inauthentiques concertées » ?
Contexte
Alpha Condé est le premier président démocratiquement élu en Guinée et a servi deux mandats de cinq ans depuis sa prise de pouvoir en 2010. En mars 2020, il a tenu un référendum pour approuver une nouvelle constitution qui prévoit, entre autres changements, de fixer de nouvelles limites pour les mandats présidentiels. Sous cette nouvelle Constitution, Condé pourrait demeurer au pouvoir pour douze ans supplémentaires. Des manifestants sont descendus dans la rue dans les mois menant au référendum, parfois réprimés par la force. Ils ont également échangé leurs points de vue sur Facebook, le principal réseau social de Guinée, qui compte deux millions de comptes pour environ treize millions d’habitants. Le parti au pouvoir et l’opposition utilisent tous deux Facebook comme la principale plateforme de diffusion de leur communication politique. Cela fait de Facebook un forum clé pour influencer les électeurs et créer l'illusion de soutiens spontanés.
Le réseau des Volcom du RPG
Le réseau de Pages du RPG n’est ni petit, ni discret. Nous avons identifié deux des principales Pages de ce réseau, parce qu’elles sont parmi les seules à placer des publicités politiques en Guinée (comme cela est consigné dans la bibliothèque de publicités de Facebook, la Facebook Ad Library). Il nous est vite apparu évident que des dizaines d’autres Pages et Groupes interagissent avec ces Pages, de façon coordonnée : des publications et des images identiques, diffusées par des comptes qui présentent souvent la même photo de profil.
Image 1 : Publication vantant les barrages hydroélectriques construits par Condé.
La plupart du contenu de ces Pages fait l’éloge de la politique et du caractère du président Alpha Condé dans un style journalistique soutenu, avec une syntaxe et un vocabulaire sophistiqués. Certaines publications font référence à des faits précis, émaillés de chiffres et d’autres éléments de preuve. Par exemple, une publication du groupe « Guinéens, ouvrez les yeux » (également retrouvée sur six autres Pages du réseau) célèbre la construction de barrages hydroélectriques par le président Condé, dont un barrage controversé financé par la Chine (Image 1).
Au cours de notre enquête dans ce réseau visiblement organisé, nous avons trouvé des articles de presse sur les individus régulièrement identifiés dans les publications du réseau. L’attention des médias de focalise sur les « Volontaires Communicants » (ou « Volcom ») un groupe de communicants politiques employés et salariés par le RPG pour promouvoir Condé et sa politique. De nombreux membres des Volcom parlent librement de leurs activités. Par exemple, Korbonya Balde se présente sur son compte Facebook comme travaillant pour la « Cellule de Communication du RPG Arc-en-Ciel ». Balde a été arrêté en 2018 pour incitation à la haine raciale et à la violence envers les opposants politiques du RPG sur les réseaux sociaux. En février, les Volcom ont entamé une grève pour dénoncer leurs conditions de travail – un événement qui, d’après nos sources guinéennes, a suscité une attention considérable parmi l’élite guinéenne.
La couverture médiatique de la grève des Volcom a mis en exergue une partie de leurs soutiens au sein du gouvernement guinéen, suggérant que Albert Damantang Camara, Ministre de la Sécurité et la Protection Civile, Hadja Aissatou Béla Diallo, ministre conseillère chargée de mission auprès du président, Madina Thiam (la fille de Diallo) et Souleimane Keita, un membre influent du parti et conseiller présidentiel, financent collectivement les Volcom.
Bien que l’organigramme des Volcom ne soit pas public, au moins deux de leurs membres semblent avoir une influence notable au sein du groupe. Ibrahima Kallo est désigné par d’autres utilisateurs Facebook et plusieurs médias comme « le chef des Volcom ». Il a récemment été nommé comme attaché auprès de Diakara Koulibaly, Ministre des Hydrocarbures. Sa présence sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, LinkedIn, Snapchat) est prolifique. Il semble aussi avoir un accès privilégié à Condé, comme plusieurs images et liens d’identification (tags) l’attestent. Charles Kolie, mieux connu sous son alias Facebook « Continuité Continuité » semble également avoir un rôle de coordinateur au sein de Volcom. Une biographie publiée sur Facebook affirme que Kolie a rempli plusieurs fonctions au sein du RPG jusqu’en 2007, et qu’il est coordinateur national de Volcom depuis 2018.
Sur la base de ces éléments, nous avons élaboré des critères pour établir des liens entre les Pages pro-Condé que nous avons découvertes et les Volcom. Nous attribuons une Page aux Volcom avec un haut niveau de certitude si elle satisfait au moins deux de ces critères :
Les Volcoms sont mentionnés explicitement, dans des publications ou dans les informations de la Page. Cela passe souvent par l’usage de mots-dièse comme #Volcom_rpg_AEC ou #Volcoms.
Des membres de Volcom sont identifiés dans des publications de la Page, ou des publications de membres des Volcom sont reprises sur la Page, ou les publications de la Page sont régulièrement reprises par des membres des Volcom.
Au moins une publication (texte ou image) a été recopiée directement depuis une autre Page. Dans au moins un sous-ensemble de Pages, nous avons remarqué que les heures de publication et le contenu étaient très largement coordonnés.
Des similitudes dans les métadonnées des Pages, notamment la date de création de la page, la date de mise à jour des photos de profil, l’adresse email ou téléphonique de contact, ou encore la localisation de l’administrateur.
Image 2 : Exemples de Pages du réseau Volcom.
Nous avons identifié 94 Pages que nous attribuons avec un haut niveau de certitude au réseau Volcom. La plupart des Pages du réseau ont été créées à la fin de 2019 ou au début de 2020, et vingt-cinq d’entre elles ont été créées le 27 mars 2020. La plupart des Pages ont entre plusieurs centaines et plusieurs milliers d’abonnés, et quatorze en ont au moins 10 000 (voir les exemples de deux pages dans l’Image 1). La plus importante (« Le coin des guinéens ») a plus de 352 000 abonnés, ce qui pourrait suggérer que presqu’un utilisateur Facebook guinéen sur cinq est abonné à cette Page. Aucune des Pages ne déclare que son contenu émane d’employés du parti RPG ou du gouvernement. Par exemple, dans sa section « A propos », la Page « Guinéens, Ouvrez les Yeux » déclare seulement être « une page créée par des analystes dans le but de dénoncer, critiquer et apporter des solutions sur les différentes mutations de la Guinée ».
Image 3 : Exemple de publications identiques dont la diffusion est coordonnée.
Le réseau présente des formes de coordination, y compris la répétition de publications parfaitement identiques à travers plusieurs Pages. Par exemple, la publication en Image 3, qui critique le Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC), une coalition de partis d’opposition guinéens, a été publiée presque simultanément le 31 mai sur au moins trois Pages Facebook : à 9h58 sur « Le Forum Républicain », à 10h00 sur « Guinéens, Changeons de Mentalité » et sur « Allons au référendum dans la paix et la concorde ». Plus tard ce même jour, la même publication est apparue sur deux autres Pages du réseau, « Le coin des guinéens » et « Pr Alpha Condé Pour Tous ».
Image 4 : Activité de publication, Ensemble 1. En surligné, la période de 3 semaines au cours de laquelle la coordination est la plus marquée.
Une telle activité de publication coordonnée est fréquente parmi les Pages du réseau. Nous avons identifié deux ensembles de Pages au sein du réseau qui présentent des activités de publication hautement coordonnées. L’ensemble 1 (Image 4) comprend 15 Pages qui publient régulièrement le même contenu approximativement à la même heure. Ces Pages ont 185 000 abonnés au total, ce qui représente 23 pourcents des abonnés du réseau général. Dix de ces Pages ont un seul administrateur, localisé en Turquie, ce qui pourrait suggérer qu’un même individu ou entreprise pourrait être impliqué dans la gestion de ces Pages. Par ailleurs, sept autres Pages ont également un administrateur en Turquie, ce qui porte le total à dix-sept Pages dans le réseau. Bien que d’autres Pages au sein du réseau aient des administrateurs dans des pays étrangers, comme les Etats-Unis, la France, le Maroc, l’Espagne et l’Inde, le nombre de Pages administrées depuis la Turquie est bien plus important.
Image 5 : Ensemble 2, Activité de publication coordonnée.
L’ensemble 2 (Image 5) comprend 14 plus petites Pages avec 2896 abonnés au total. Toutes les Pages de cet ensemble ont été créées les 26 et 27 mars 2020. A juger par leur faible nombre d’abonnés et d’interactions, nous faisons l’hypothèse que les Pages de cet ensemble sont encore en train de construire leur audience, ou qu’elles servent à grossir les statistiques d’interaction d’autres Pages. Leurs activités de publication sont gérées de manière parallèle, ce qui suggère que des techniques d’automatisation sont utilisées pour gérer ces Pages.
Outre leurs activités de publication coordonnées, ces Pages ont tendance à partager les publications de deux médias vidéo liés au RPG : Alpha Condé TV et 224Minutes (à noter, la Page de 224Minutes a été retirée de Facebook en septembre 2020, peu avant la publication de cet article). La presse guinéenne attribue la direction d’Alpha Condé TV à Madina Thiam, également marraine des Volcom. 224Minutes a précédemment été épinglé par les plateformes de réseaux sociaux pour des violations de leurs conditions d’utilisation : son premier compte Twitter a été suspendu, et Facebook bloque tous les liens extérieurs vers 224minutes.net, affichant le message suivant : « Le lien auquel vous avez tenté d'accéder est contraire à nos Standards de la Communauté ». Sur les Pages Facebook d’Alpha Condé TV et 224Minutes, plusieurs publications présentent un nombre de partages particulièrement élevé au regard de leurs mentions « j’aime », ce qui est suspect. Une publication récente d’Alpha Condé TV, par exemple, a seulement 96 mentions « j’aime » et 67 commentaires mais a été partagée 4000 fois dans les 16 heures.
Image 6 : Exemples de comptes utilisant Condé ou Poutine comme photos de profil.
Les Pages des Volcom sont largement diffusées grâce à un réseau de comptes Facebook géré par les communicants du RPG. La plupart des utilisateurs qui « aiment », commentent ou partagent les Pages du réseau publient presqu’exclusivement du contenu sur Condé sur leurs propres profils personnels. Plusieurs d’entre eux ont les mêmes portraits de Vladimir Poutine ou de Condé comme photos de profil et de couverture (Image 6, Alpha Mon Choix et Politologue Traoré). Certains de ces comptes se présentent comme employés par le RPG Arc-en-Ciel, le parti de Condé.
Image 7 : Exemple d'utilisateur partageant une même publication Volcom dans plusieurs groupes.
Ces utilisateurs partagent des contenus issus des Pages du réseau sur leurs propres journaux ou sur des Groupes : les comptes individuels partagent souvent la même publication de nombreuses fois (Image 7). Ils relaient ces publications dans des Groupes neutres, ou même d’opposition, qui ne sont pas contrôlés par Volcom, touchant ainsi un plus grand nombre de Guinéens. Bien que ces utilisateurs se livrent à des activités de publication coordonnées et que plusieurs utilisent clairement de faux noms, il ne s’agit pas nécessairement d’identités complètement fictives. Ainsi, les photos de ces comptes semblent bien être d’une seule et même personne, engagée dans diverses activités, souvent politiques. De plus, nous n’interprétons pas la prolifération de photos de Poutine comme un signe d’interférence russe. Ce phénomène semble plutôt motivé par le parallèle entre Condé et Poutine, qui a également légitimé un changement à la constitution de son pays pour demeurer au pouvoir. En utilisant l’image de Poutine, les soutiens de Condé évoquent les deux décennies de Poutine en Russie comme un modèle de la stabilité et de la continuité auxquelles ils aspirent pour la Guinée.
Des liens avec l'étranger: la Turquie
Image 8 : Publications favorables à Albayrak, issues de Pages du réseau Volcom.
Etant donné le nombre important de pages gérées par des administrateurs turcs (ou basés en Turquie), nous avons analysé les comportements de publication sur les sujets d’intérêt pour la Turquie. Le réseau des Volcom (y compris les Pages sans administrateur turc) a publié plusieurs articles au sujet d’un conglomérat turc étroitement lié à Condé : le groupe Albayrak, présidé par Ahmet Calik, allié proche d’Erdogan, et précédemment dirigé par Berat Albayrak, gendre d’Erdogan. Les publications mentionnent Albayrak en termes positifs, célébrant les dons d’Albayrak à la Guinée durant la crise du Covid-19 (avec une vidéo du groupe Albayrak) et la mise en place d’un service de collecte de déchets à Conakry (Image 8).
Image 9 : Photo de Condé et Calik, publiée par un membre éminent des Volcom.
En outre, les membres des Volcom rapportent certaines réunions au sommet entre les dirigeants d’Albayrak et l’administration Condé, comme l’illustre cette photo de Condé en discussion avec Ahmet Calik le 30 octobre 2019, postée par Ibrahima Kallo sur Twitter (Image 9). Dans la publication sont identifiés deux ministres du gouvernement Condé, deux membres de Volcom, et le président-directeur général du Fonds d’Entretien Routier. Cette même année, Albayrak a remporté un contrat pour prolonger un segment de route vers le Port Autonome de Conakry.
Image 10 : L'avion privé de Condé (numéro de série TC-VTN), un prêt d'Erdogan.
Les présidents Erdogan et Condé ont également de très bonnes relations personnelles. Erdogan fut l’un des rares dirigeants internationaux à exprimer son soutien à Condé en envoyant des félicitations officielles après le référendum de mars 2010. Erdogan a également prêté un avion privé à Condé, que Condé utilise à présent comme son avion officiel (Image 11). Un suivi de l’activité récente de l’avion révèle au moins quatre aller-retours entre la Guinée et la Turquie dans la seule seconde moitié de 2019.
Cependant, quoique quelques indices semblent désigner un lien entre les contenus des Volcom et les intérêts officiels de la Turquie, nous n’avons pas pu déterminer l’identité de l’administrateur turc des Pages des Volcom, ni trouver des preuves directes d’une implication turque dans ce réseau.
L'influence des Volcom sur la politique guinéenne
Nous avons contacté plusieurs journalistes et guinéens politiquement engagés pour comprendre dans quelle mesure les Pages des Volcom influencent la politique guinéenne, et combien il était plausible qu’elles convainquent les électeurs à l’orée de l’élection présidentielle d’octobre, ou d’exacerber les tensions entre groupes ethniques en Guinée. De nombreuses sources guinéennes ont confirmé que Volcom est financé par le parti du président et que les principaux partis d’opposition en Guinée utilisent aussi des réseaux sociaux et diffusent de la désinformation ou de la mésinformation. Par exemple, d’après certaines de nos sources, l’opposition aurait prétendu qu’Alpha Condé était traité pour le Covid-19 à l’étranger, ce qui s’est avéré faux. Cependant, bien que nous ayons trouvé des Pages soutenant l’opposition guinéenne avec des dizaines ou des centaines d’abonnés, aucune ne présentait un système de publication coordonné. Nos sources affirment que la désinformation en ligne (aussi appelée « intoxication » en Guinée) est un élément si crucial du jeu politique qu’aucun parti ne peut se permettre de s’en abstraire.
La propagande politique et la désinformation en Guinée sont loin d’être inoffensives. Nos sources ont déploré l’illettrisme digital en Guinée, qui rend la population très susceptible à la propagande sur internet. « C’est un immense problème en Guinée. Tout ce que les gens voient sur Facebook, ils s’imaginent que c’est la réalité. Il y a aussi beaucoup plus de fausses informations et de fausses actualités en Guinée. » Plusieurs de nos contacts ont exprimé la crainte qu’en nourrissant l’antagonisme entre partis, la désinformation n’accentue les tensions entre les groupes ethniques Peuls et Mandinka. Une série d’articles de presse sur les Volcom se focalise sur une affaire de 2018, dans laquelle des communicants du RPG et de l’UFDG ont été arrêtés pour incitation à la violence.
Que faire pour limiter la propagande digitale en Guinée ?
Nos contacts en Guinée sont sceptiques quant à l’efficacité d’une nouvelle régulation contre la désinformation. Comme une personne l’a évoqué, «Notre Constitution mentionne la cybercriminalité et prévoit des sanctions ; mais la mise en application, comme dans tous les domaines, pêche. » Ils ont souvent cité le besoin d’impliquer plus activement la société civile : « Il nous faut une société civile très dynamique et ouverte. Si aucun organisme indépendant ne contrôle l’action gouvernementale, la société civile doit garantir la transparence. » D’autres ont mis en exergue l’importance de formations en communication digitale pour le public.
Cependant, la construction d’une société civile robuste, ou l’amélioration de l’éducation en matière digitale, prendront du temps. Alors que la Guinée se prépare pour une élection décisive, le parti au pouvoir a déjà construit l’infrastructure Facebook nécessaire pour mener des campagnes de propagande grande ampleur en faveur d’un troisième mandat du Président Condé. Nous voyons cette opération comme un cas d’espèce d’une campagne politique qui – intentionnellement ou non – met au jour des zones grises dans les politiques de Facebook. Facebook juge que ce réseau ne remplit pas les critères d’une « action inauthentique concertée », mais nous croyons que le manque de transparence du réseau sur ses affiliations avec le parti au pouvoir est incompatible avec l’idéal démocratique d’une campagne électorale.
Nous avons enquêté sur un large réseau de pages Facebook opérées par le parti du président guinéen Alpha Condé. Les Pages orchestrent des publications qui soutiennent la candidature de Condé à un troisième mandat, et sont gérées sous des noms d'emprunt.
Alex Stamos is a cybersecurity expert, business leader and entrepreneur working to improve the security and safety of the Internet. Stamos was the founding director of the Stanford Internet Observatory at the Cyber Policy Center, a part of the Freeman Spogli Institute for International Studies. He is currently a lecturer, teaching in both the Masters in International Policy Program and in Computer Science.
Prior to joining Stanford, Alex served as the Chief Security Officer of Facebook. In this role, Stamos led a team of engineers, researchers, investigators and analysts charged with understanding and mitigating information security risks to the company and safety risks to the 2.5 billion people on Facebook, Instagram and WhatsApp. During his time at Facebook, he led the company’s investigation into manipulation of the 2016 US election and helped pioneer several successful protections against these new classes of abuse. As a senior executive, Alex represented Facebook and Silicon Valley to regulators, lawmakers and civil society on six continents, and has served as a bridge between the interests of the Internet policy community and the complicated reality of platforms operating at billion-user scale. In April 2017, he co-authored “Information Operations and Facebook”, a highly cited examination of the influence campaign against the US election, which still stands as the most thorough description of the issue by a major technology company.
Before joining Facebook, Alex was the Chief Information Security Officer at Yahoo, rebuilding a storied security team while dealing with multiple assaults by nation-state actors. While at Yahoo, he led the company’s response to the Snowden disclosures by implementing massive cryptographic improvements in his first months. He also represented the company in an open hearing of the US Senate’s Permanent Subcommittee on Investigations.
In 2004, Alex co-founded iSEC Partners, an elite security consultancy known for groundbreaking work in secure software development, embedded and mobile security. As a trusted partner to world’s largest technology firms, Alex coordinated the response to the “Aurora” attacks by the People’s Liberation Army at multiple Silicon Valley firms and led groundbreaking work securing the world’s largest desktop and mobile platforms. During this time, he also served as an expert witness in several notable civil and criminal cases, such as the Google Street View incident and pro bono work for the defendants in Sony vs George Hotz and US vs Aaron Swartz. After the 2010 acquisition of iSEC Partners by NCC Group, Alex formed an experimental R&D division at the combined company, producing five patents.
A noted speaker and writer, he has appeared at the Munich Security Conference, NATO CyCon, Web Summit, DEF CON, CanSecWest and numerous other events. His 2017 keynote at Black Hat was noted for its call for a security industry more representative of the diverse people it serves and the actual risks they face. Throughout his career, Alex has worked toward making security a more representative field and has highlighted the work of diverse technologists as an organizer of the Trustworthy Technology Conference and OURSA.
Alex has been involved with securing the US election system as a contributor to Harvard’s Defending Digital Democracy Project and involved in the academic community as an advisor to Stanford’s Cybersecurity Policy Program and UC Berkeley’s Center for Long-Term Cybersecurity. He is a member of the Aspen Institute’s Cyber Security Task Force, the Bay Area CSO Council and the Council on Foreign Relations. Alex also serves on the advisory board to NATO’s Collective Cybersecurity Center of Excellence in Tallinn, Estonia.
Yong Suk Lee was the SK Center Fellow at the Freeman Spogli Institute for International Studies and Deputy Director of the Korea Program at the Walter H. Shorenstein Asia-Pacific Research Center at Stanford University. He served in these roles until June 2021.
Lee’s main fields of research are labor economics, technology and entrepreneurship, and urban economics. Some of the issues he has studied include technology and labor markets, entrepreneurship and economic growth, entrepreneurship education, and education and inequality. He is also interested in both the North and South Korean economy and has examined how economic sanctions affect economic activity in North Korea, and how management practices and education policy affect inequality in South Korea. His current research focuses on how the new wave of digital technologies, such as robotics and artificial intelligence affect labor, education, entrepreneurship, and productivity.
His research has been published in both economics and management journals including the Journal of Urban Economics, Journal of Economic Geography, Journal of Business Venturing, Journal of Health Economics, and Labour Economics. Lee also regularly contributes to policy reports and opinion pieces on contemporary issues surrounding both North and South Korea.
Prior to joining Stanford, Lee was an assistant professor of economics at Williams College in Massachusetts. He received his Ph.D. in Economics from Brown University, a Master of Public Policy from Duke University, and a Bachelor's degree and master's degree in architecture from Seoul National University. Lee also worked as a real estate development consultant and architecture designer as he transitioned from architecture to economics.