Democracy promotion
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Tara manages communications for the Cyber Policy Center, supporting its six programs with graphic design support, social media, print and digital publishing, special events, video editing and other communication needs. Prior to the Cyber Policy Center, Tara was the Communications Manager for the MBA Program at Stanford's Graduate School of Business. Previous to that, she worked at a number of start ups around the Bay Area. She has a Masters in Creative Writing. 

As Tara Cottrell, she is the co-author of Buddha's Diet (Hachette) that has been translated into eight languages, Portuguese, Spanish, Dutch, Italian, Czech, Vietnamese, German and Polish. Her fiction has appeared in print in ZYZZYVA, Missouri Review, Indiana Review, Zoetrope and others. 

Communications Associate,
Cyber Policy Center, Freeman Spogli Institute for International Studies
Authors
Jack Cable
Zoe Huczok
W.E.
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En octobre 2020 se tiendra en Guinée une élection présidentielle cruciale, qui déterminera si le Président Alpha Condé poursuivra son mandat pour une nouvelle décennie, ou si le pays connaîtra le premier changement de régime démocratique de son histoire. L’élection a aussi d’importantes implications économiques pour les investisseurs étrangers en Guinée.

Dans les mois précédant l’élection, nous avons identifié un réseau de 94 Pages Facebook qui relaient, de manière coordonnée, des publications favorables à Condé et à son parti. Ces Pages, qui comptent au total plus de 800 000 abonnés, publient des textes et des images pro-Condé, et promeuvent des vidéos qui proviennent de médias affiliés au gouvernement. Un faisceau d’indices – des événements relatés dans la presse, des pratiques de publication spécifiques, d’autres éléments encore – permet d’établir un lien entre ces Pages et le parti de Condé, le Rassemblement du Peuple Guinéen (RPG). Plus spécifiquement, il établit un lien avec son équipe de “volontaires communicants” (“Volcom” en abrégé), en réalité salariés du RPG. Les administrateurs des Pages du réseau dissimulent leurs véritables identités sous de faux noms comme « Alpha le Démocrate ». Les Pages ne révèlent pas les relations formelles, voire salariées, de leurs auteurs avec le RPG. 

Nous avons partagé une version de cet article, ainsi que les données associées, avec Facebook. Facebook a estimé que les Pages et comptes de ce réseau ne constituent pas une « action inauthentique concertée », et le réseau n’a pas été suspendu. Bien que les activités que nous avons découvertes ne suffisent pas à justifier une action répressive de la part de Facebook, comme la suppression des comptes, ou l’étiquetage des Pages, il nous semble que ces activités ne favorisent pas une vie politique transparente ou des élections équitables. Le cas de la Guinée soulève des questions plus larges : où et comment faire la distinction entre une campagne électorale moderne et des « actions inauthentiques concertées » ?

Contexte

Alpha Condé est le premier président démocratiquement élu en Guinée et a servi deux mandats de cinq ans depuis sa prise de pouvoir en 2010. En mars 2020, il a tenu un référendum pour approuver une nouvelle constitution qui prévoit, entre autres changements, de fixer de nouvelles limites pour les mandats présidentiels. Sous cette nouvelle Constitution, Condé pourrait demeurer au pouvoir pour douze ans supplémentaires. Des manifestants sont descendus dans la rue dans les mois menant au référendum, parfois réprimés par la force. Ils ont également échangé leurs points de vue sur Facebook, le principal réseau social de Guinée, qui compte deux millions de comptes pour environ treize millions d’habitants. Le parti au pouvoir et l’opposition utilisent tous deux Facebook comme la principale plateforme de diffusion de leur communication politique. Cela fait de Facebook un forum clé pour influencer les électeurs et créer l'illusion de soutiens spontanés.

Le réseau des Volcom du RPG

Le réseau de Pages du RPG n’est ni petit, ni discret. Nous avons identifié deux des principales Pages de ce réseau, parce qu’elles sont parmi les seules à placer des publicités politiques en Guinée (comme cela est consigné dans la bibliothèque de publicités de Facebook, la Facebook Ad Library). Il nous est vite apparu évident que des dizaines d’autres Pages et Groupes interagissent avec ces Pages, de façon coordonnée : des publications et des images identiques, diffusées par des comptes qui présentent souvent la même photo de profil.

Publication vantant les barrages hydroélectriques construits par Condé. Image 1 : Publication vantant les barrages hydroélectriques construits par Condé.

La plupart du contenu de ces Pages fait l’éloge de la politique et du caractère du président Alpha Condé dans un style journalistique soutenu, avec une syntaxe et un vocabulaire sophistiqués. Certaines publications font référence à des faits précis, émaillés de chiffres et d’autres éléments de preuve. Par exemple, une publication du groupe « Guinéens, ouvrez les yeux » (également retrouvée sur six autres Pages du réseau) célèbre la construction de barrages hydroélectriques par le président Condé, dont un barrage controversé financé par la Chine (Image 1).

Au cours de notre enquête dans ce réseau visiblement organisé, nous avons trouvé des articles de presse sur les individus régulièrement identifiés dans les publications du réseau. L’attention des médias de focalise sur les « Volontaires Communicants » (ou « Volcom ») un groupe de communicants politiques employés et salariés par le RPG pour promouvoir Condé et sa politique.   De nombreux membres des Volcom parlent librement de leurs activités. Par exemple, Korbonya Balde se présente sur son compte Facebook comme travaillant pour la « Cellule de Communication du RPG Arc-en-Ciel ». Balde a été arrêté en 2018 pour incitation à la haine raciale et à la violence envers les opposants politiques du RPG sur les réseaux sociaux. En février, les Volcom ont entamé une grève pour dénoncer leurs conditions de travail – un événement qui, d’après nos sources guinéennes, a suscité une attention considérable parmi l’élite guinéenne. 

La couverture médiatique de la grève des Volcom a mis en exergue une partie de leurs soutiens au sein du gouvernement guinéen, suggérant que Albert Damantang Camara, Ministre de la Sécurité et la Protection Civile, Hadja Aissatou Béla Diallo, ministre conseillère chargée de mission auprès du président, Madina Thiam (la fille de Diallo) et Souleimane Keita, un membre influent du parti et conseiller présidentiel, financent collectivement les Volcom. 

Bien que l’organigramme des Volcom ne soit pas public, au moins deux de leurs membres semblent avoir une influence notable au sein du groupe. Ibrahima Kallo est désigné par d’autres utilisateurs Facebook et plusieurs médias comme « le chef des Volcom ». Il a récemment été nommé comme attaché auprès de Diakara Koulibaly, Ministre des Hydrocarbures. Sa présence sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, LinkedIn, Snapchat) est prolifique. Il semble aussi avoir un accès privilégié à Condé, comme plusieurs images et liens d’identification (tags) l’attestent. Charles Kolie, mieux connu sous son alias Facebook « Continuité Continuité » semble également avoir un rôle de coordinateur au sein de Volcom. Une biographie publiée sur Facebook affirme que Kolie a rempli plusieurs fonctions au sein du RPG jusqu’en 2007, et qu’il est coordinateur national de Volcom depuis 2018.

Sur la base de ces éléments, nous avons élaboré des critères pour établir des liens entre les Pages pro-Condé que nous avons découvertes et les Volcom. Nous attribuons une Page aux Volcom avec un haut niveau de certitude si elle satisfait au moins deux de ces critères :

  • Les Volcoms sont mentionnés explicitement, dans des publications ou dans les informations de la Page. Cela passe souvent par l’usage de mots-dièse comme #Volcom_rpg_AEC ou #Volcoms.

  • Des membres de Volcom sont identifiés dans des publications de la Page, ou des publications de membres des Volcom sont reprises sur la Page, ou les publications de la Page sont régulièrement reprises par des membres des Volcom.

  • Au moins une publication (texte ou image) a été recopiée directement depuis une autre Page. Dans au moins un sous-ensemble de Pages, nous avons remarqué que les heures de publication et le contenu étaient très largement coordonnés.

  • Des similitudes dans les métadonnées des Pages, notamment la date de création de la page, la date de mise à jour des photos de profil, l’adresse email ou téléphonique de contact, ou encore la localisation de l’administrateur.

Exemples de Pages du réseau Volcom. Image 2 : Exemples de Pages du réseau Volcom.

Nous avons identifié 94 Pages que nous attribuons avec un haut niveau de certitude au réseau Volcom. La plupart des Pages du réseau ont été créées à la fin de 2019 ou au début de 2020, et vingt-cinq d’entre elles ont été créées le 27 mars 2020. La plupart des Pages ont entre plusieurs centaines et plusieurs milliers d’abonnés, et quatorze en ont au moins 10 000 (voir les exemples de deux pages dans l’Image 1). La plus importante (« Le coin des guinéens ») a plus de 352 000 abonnés, ce qui pourrait suggérer que presqu’un utilisateur Facebook guinéen sur cinq est abonné à cette Page. Aucune des Pages ne déclare que son contenu émane d’employés du parti RPG ou du gouvernement. Par exemple, dans sa section « A propos », la Page « Guinéens, Ouvrez les Yeux » déclare seulement être « une page créée par des analystes dans le but de dénoncer, critiquer et apporter des solutions sur les différentes mutations de la Guinée ».

Exemple de publications identiques dont la diffusion est coordonnée. Image 3 : Exemple de publications identiques dont la diffusion est coordonnée.

Le réseau présente des formes de coordination, y compris la répétition de publications parfaitement identiques à travers plusieurs Pages. Par exemple, la publication en Image 3, qui critique le Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC), une coalition de partis d’opposition guinéens, a été publiée presque simultanément le 31 mai sur au moins trois Pages Facebook : à 9h58 sur « Le Forum Républicain », à 10h00 sur « Guinéens, Changeons de Mentalité » et sur « Allons au référendum dans la paix et la concorde ». Plus tard ce même jour, la même publication est apparue sur deux autres Pages du réseau, « Le coin des guinéens » et « Pr Alpha Condé Pour Tous ». 

Activité de publication, Ensemble 1. En surligné, la période de 3 semaines au cours de laquelle la coordination est la plus marquée. Image 4 : Activité de publication, Ensemble 1. En surligné, la période de 3 semaines au cours de laquelle la coordination est la plus marquée.

Une telle activité de publication coordonnée est fréquente parmi les Pages du réseau. Nous avons identifié deux ensembles de Pages au sein du réseau qui présentent des activités de publication hautement coordonnées. L’ensemble 1 (Image 4) comprend 15 Pages qui publient régulièrement le même contenu approximativement à la même heure. Ces Pages ont 185 000 abonnés au total, ce qui représente 23 pourcents des abonnés du réseau général. Dix de ces Pages ont un seul administrateur, localisé en Turquie, ce qui pourrait suggérer qu’un même individu ou entreprise pourrait être impliqué dans la gestion de ces Pages. Par ailleurs, sept autres Pages ont également un administrateur en Turquie, ce qui porte le total à dix-sept Pages dans le réseau. Bien que d’autres Pages au sein du réseau aient des administrateurs dans des pays étrangers, comme les Etats-Unis, la France, le Maroc, l’Espagne et l’Inde, le nombre de Pages administrées depuis la Turquie est bien plus important.

Ensemble 2, Activité de publication coordonnée. Image 5 : Ensemble 2, Activité de publication coordonnée.

L’ensemble 2 (Image 5) comprend 14 plus petites Pages avec 2896 abonnés au total. Toutes les Pages de cet ensemble ont été créées les 26 et 27 mars 2020. A juger par leur faible nombre d’abonnés et d’interactions, nous faisons l’hypothèse que les Pages de cet ensemble sont encore en train de construire leur audience, ou qu’elles servent à grossir les statistiques d’interaction d’autres Pages. Leurs activités de publication sont gérées de manière parallèle, ce qui suggère que des techniques d’automatisation sont utilisées pour gérer ces Pages. 

Outre leurs activités de publication coordonnées, ces Pages ont tendance à partager les publications de deux médias vidéo liés au RPG : Alpha Condé TV et 224Minutes (à noter, la Page de 224Minutes a été retirée de Facebook en septembre 2020, peu avant la publication de cet article). La presse guinéenne attribue la direction d’Alpha Condé TV à Madina Thiam, également marraine des Volcom. 224Minutes a précédemment été épinglé par les plateformes de réseaux sociaux pour des violations de leurs conditions d’utilisation : son premier compte Twitter a été suspendu, et Facebook bloque tous les liens extérieurs vers 224minutes.net, affichant le message suivant : « Le lien auquel vous avez tenté d'accéder est contraire à nos Standards de la Communauté ». Sur les Pages Facebook d’Alpha Condé TV et 224Minutes, plusieurs publications présentent un nombre de partages particulièrement élevé au regard de leurs mentions « j’aime », ce qui est suspect. Une publication récente d’Alpha Condé TV, par exemple, a seulement 96 mentions « j’aime » et 67 commentaires mais a été partagée 4000 fois dans les 16 heures.

Exemples de comptes utilisant Condé ou Poutine comme photos de profil. Image 6 : Exemples de comptes utilisant Condé ou Poutine comme photos de profil.

Les Pages des Volcom sont largement diffusées grâce à un réseau de comptes Facebook géré par les communicants du RPG. La plupart des utilisateurs qui « aiment », commentent ou partagent les Pages du réseau publient presqu’exclusivement du contenu sur Condé sur leurs propres profils personnels. Plusieurs d’entre eux ont les mêmes portraits de Vladimir Poutine ou de Condé comme photos de profil et de couverture (Image 6, Alpha Mon Choix et Politologue Traoré). Certains de ces comptes se présentent comme employés par le RPG Arc-en-Ciel, le parti de Condé.

Exemple d'utilisateur partageant une même publication Volcom dans plusieurs groupes. Image 7 : Exemple d'utilisateur partageant une même publication Volcom dans plusieurs groupes.

Ces utilisateurs partagent des contenus issus des Pages du réseau sur leurs propres journaux ou sur des Groupes : les comptes individuels partagent souvent la même publication de nombreuses fois (Image 7). Ils relaient ces publications dans des Groupes neutres, ou même d’opposition, qui ne sont pas contrôlés par Volcom, touchant ainsi un plus grand nombre de Guinéens. Bien que ces utilisateurs se livrent à des activités de publication coordonnées et que plusieurs utilisent clairement de faux noms, il ne s’agit pas nécessairement d’identités complètement fictives. Ainsi, les photos de ces comptes semblent bien être d’une seule et même personne, engagée dans diverses activités, souvent politiques. De plus, nous n’interprétons pas la prolifération de photos de Poutine comme un signe d’interférence russe. Ce phénomène semble plutôt motivé par le parallèle entre Condé et Poutine, qui a également légitimé un changement à la constitution de son pays pour demeurer au pouvoir. En utilisant l’image de Poutine, les soutiens de Condé évoquent les deux décennies de Poutine en Russie comme un modèle de la stabilité et de la continuité auxquelles ils aspirent pour la Guinée.

Des liens avec l'étranger: la Turquie

Publications favorables à Albayrak, issues de Pages du réseau Volcom. Image 8 : Publications favorables à Albayrak, issues de Pages du réseau Volcom.

Etant donné le nombre important de pages gérées par des administrateurs turcs (ou basés en Turquie), nous avons analysé les comportements de publication sur les sujets d’intérêt pour la Turquie. Le réseau des Volcom (y compris les Pages sans administrateur turc) a publié plusieurs articles au sujet d’un conglomérat turc étroitement lié à Condé : le groupe Albayrak, présidé par Ahmet Calik, allié proche d’Erdogan, et précédemment dirigé par Berat Albayrak, gendre d’Erdogan. Les publications mentionnent Albayrak en termes positifs, célébrant les dons d’Albayrak à la Guinée durant la crise du Covid-19 (avec une vidéo du groupe Albayrak) et la mise en place d’un service de collecte de déchets à Conakry (Image 8).

Photo de Condé et Calik, publiée par un membre éminent des Volcom Image 9 : Photo de Condé et Calik, publiée par un membre éminent des Volcom.

En outre, les membres des Volcom rapportent certaines réunions au sommet entre les dirigeants d’Albayrak et l’administration Condé, comme l’illustre cette photo de Condé en discussion avec Ahmet Calik le 30 octobre 2019, postée par Ibrahima Kallo sur Twitter (Image 9). Dans la publication sont identifiés deux ministres du gouvernement Condé, deux membres de Volcom, et le président-directeur général du Fonds d’Entretien Routier. Cette même année, Albayrak a remporté un contrat pour prolonger un segment de route vers le Port Autonome de Conakry.

L'avion privé de Condé (numéro de série TC-VTN), prêté par Erdogan. Image 10 : L'avion privé de Condé (numéro de série TC-VTN), un prêt d'Erdogan.

Les présidents Erdogan et Condé ont également de très bonnes relations personnelles. Erdogan fut l’un des rares dirigeants internationaux à exprimer son soutien à Condé en envoyant des félicitations officielles après le référendum de mars 2010. Erdogan a également prêté un avion privé à Condé, que Condé utilise à présent comme son avion officiel (Image 11). Un suivi de l’activité récente de l’avion révèle au moins quatre aller-retours entre la Guinée et la Turquie dans la seule seconde moitié de 2019.

Cependant, quoique quelques indices semblent désigner un lien entre les contenus des Volcom et les intérêts officiels de la Turquie, nous n’avons pas pu déterminer l’identité de l’administrateur turc des Pages des Volcom, ni trouver des preuves directes d’une implication turque dans ce réseau.

L'influence des Volcom sur la politique guinéenne

Nous avons contacté plusieurs journalistes et guinéens politiquement engagés pour comprendre dans quelle mesure les Pages des Volcom influencent la politique guinéenne, et combien il était plausible qu’elles convainquent les électeurs à l’orée de l’élection présidentielle d’octobre, ou d’exacerber les tensions entre groupes ethniques en Guinée. De nombreuses sources guinéennes ont confirmé que Volcom est financé par le parti du président et que les principaux partis d’opposition en Guinée utilisent aussi des réseaux sociaux et diffusent de la désinformation ou de la mésinformation. Par exemple, d’après certaines de nos sources, l’opposition aurait prétendu qu’Alpha Condé était traité pour le Covid-19 à l’étranger, ce qui s’est avéré faux. Cependant, bien que nous ayons trouvé des Pages soutenant l’opposition guinéenne avec des dizaines ou des centaines d’abonnés, aucune ne présentait un système de publication coordonné. Nos sources affirment que la désinformation en ligne (aussi appelée « intoxication » en Guinée) est un élément si crucial du jeu politique qu’aucun parti ne peut se permettre de s’en abstraire.

La propagande politique et la désinformation en Guinée sont loin d’être inoffensives. Nos sources ont déploré l’illettrisme digital en Guinée, qui rend la population très susceptible à la propagande sur internet. « C’est un immense problème en Guinée. Tout ce que les gens voient sur Facebook, ils s’imaginent que c’est la réalité. Il y a aussi beaucoup plus de fausses informations et de fausses actualités en Guinée. » Plusieurs de nos contacts ont exprimé la crainte qu’en nourrissant l’antagonisme entre partis, la désinformation n’accentue les tensions entre les groupes ethniques Peuls et Mandinka. Une série d’articles de presse sur les Volcom se focalise sur une affaire de 2018, dans laquelle des communicants du RPG et de l’UFDG ont été arrêtés pour incitation à la violence.

Que faire pour limiter la propagande digitale en Guinée ?

Nos contacts en Guinée sont sceptiques quant à l’efficacité d’une nouvelle régulation contre la désinformation. Comme une personne l’a évoqué, «Notre Constitution mentionne la cybercriminalité et prévoit des sanctions ; mais la mise en application, comme dans tous les domaines, pêche. » Ils ont souvent cité le besoin d’impliquer plus activement la société civile : « Il nous faut une société civile très dynamique et ouverte. Si aucun organisme indépendant ne contrôle l’action gouvernementale, la société civile doit garantir la transparence. » D’autres ont mis en exergue l’importance de formations en communication digitale pour le public.

Cependant, la construction d’une société civile robuste, ou l’amélioration de l’éducation en matière digitale, prendront du temps. Alors que la Guinée se prépare pour une élection décisive, le parti au pouvoir a déjà construit l’infrastructure Facebook nécessaire pour mener des campagnes de propagande grande ampleur en faveur d’un troisième mandat du Président Condé. Nous voyons cette opération comme un cas d’espèce d’une campagne politique qui – intentionnellement ou non – met au jour des zones grises dans les politiques de Facebook. Facebook juge que ce réseau ne remplit pas les critères d’une « action inauthentique concertée », mais nous croyons que le manque de transparence du réseau sur ses affiliations avec le parti au pouvoir est incompatible avec l’idéal démocratique d’une campagne électorale. 

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Nous avons enquêté sur un large réseau de pages Facebook opérées par le parti du président guinéen Alpha Condé. Les Pages orchestrent des publications qui soutiennent la candidature de Condé à un troisième mandat, et sont gérées sous des noms d'emprunt.

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Renée DiResta is the former Research Manager at the Stanford Internet Observatory. She investigates the spread of malign narratives across social networks, and assists policymakers in understanding and responding to the problem. She has advised Congress, the State Department, and other academic, civic, and business organizations, and has studied disinformation and computational propaganda in the context of pseudoscience conspiracies, terrorism, and state-sponsored information warfare.

You can see a full list of Renée's writing and speeches on her website: www.reneediresta.com or follow her @noupside.

 

Former Research Manager, Stanford Internet Observatory
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Nicole Feldman
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Facebook and Congress Must Create Regulations Together

Featuring Eileen Donahoe, executive director of the Global Digital Policy Incubator and Allison Berke, executive director of the Stanford Cyber Initiative. Both programs are housed at the Freeman Spogli Institute for International Studies (FSI). Written by Nicole Feldman.

For the past two days, the United States Senate and House of Representatives grilled Facebook CEO Mark Zuckerberg on everything from user privacy to platform bias to Russian interference in the 2016 elections. Though prompted by Cambridge Analytica’s improper use of user data, Zuckerberg’s testimony provided a broader platform to talk about Facebook’s role in today’s increasingly digital world and regulation for the tech industry as a whole. FSI scholars Eileen Donahoe and Allison Berke give us their top take-aways from Zuckerberg’s testimony.

 
Photo of Eileen Donahoe

Eileen Donahoe

 

There were two big “take-aways” from Mark Zuckerberg’s testimony before Congress this week.

Digital privacy is a form of security that matters to Facebook users and to citizens in our democracy.

The good news that came out of the hearings is that the American public and our representatives in Congress are waking up to the importance of citizens’ privacy in our democracy, as well as to the consequences of the loss of privacy for freedom and security. The Cambridge Analytica — Facebook saga has succeeded in bringing to public consciousness a significant security threat to our democracy, which until now has been relatively invisible in public debate: how failure to protect user’s digital privacy can have real world consequences for democratic processes, national security, and citizens’ liberty. Earlier un-nuanced assertions expressed by many in the technology community that “privacy is over” and users don’t care about how their data is shared, can no longer function as a dominant operating assumption. The hard reality ahead of us is how challenging it will be to protect citizens’ privacy in a context where digital platforms, tools and services are intertwined with our daily lives. The bottom line is that digital platforms now will be required to have much more nuanced conversations with their users about the tradeoffs of using free services in exchange for monetizing personal data. This will have consequences for Facebook’s business model and all freemium digital services.

Congressional hearings are not an adequate vehicle for educating legislators about how to regulate digital platforms.

The range of complex, multilayered challenges that must be tackled to optimally govern digital platforms in democracy cannot be addressed effectively through a brief set of public hearings. Many Senators and members of Congress displayed a lack of understanding of how Facebook works, which strands of the debate warrant deeper inspection, or which issues must be prioritized to protect the liberty and security of citizens on digital platforms. Representatives jumped around from one subject to the next — from political bias in restricting content on Facebook, to whether Facebook is a monopoly, to whether citizens own their data, to the efficacy of user consent to terms of service — without adequately framing any of these important subjects. In effect, the Senate and Congressional hearings themselves were shown to be poor vehicles for deepening regulators’ knowledge or helping progress toward an optimal approach to regulating Facebook or other digital platforms. Other than moving toward passage of the bipartisan Honest Ads Act sponsored by Senators Amy Klobuchar (D), Mark Warner (D), and John McCain(R), which regulates political advertising on digital platforms in the same way as on television and radio, our representatives are not yet well-prepared to regulate digital services. A different mode of engagement between government representatives and technology companies must be developed, if legislators want to help protect citizens in the digital realm, while also allowing users to continue to enjoy the benefits of digital platforms they have come to rely upon in their daily lives.

 
Photo of Allison Berke, executive director of the Stanford Cyber Initiative at FSI.

Allison Berke, executive director of the Stanford Cyber Initiative at FSI. Working across disciplines, the Stanford Cyber Initiative aims to understand how technology affects security, governance, and the future of work.

Mark Zuckerberg prepared for his testimony as though expecting to face hostile opposing counsel. His notes — leaked, ironically, by a press photographer when left open on his table during a bathroom break — show prepared language to address calls for his own resignation, and for compensation for users whose data was improperly shared, though these topics were not raised during questioning. Despite promising to work with legislators on regulations, Zuckerberg stopped short of proposing specific measures. Though he voiced his support of the Honest Ads Act, when asked if he would return to Washington to aid its passage, he offered someone on his team instead and noted that he “doesn’t come to Washington too often.” The implications, both that he doesn’t need to and that he doesn’t want to be involved in forming regulations, revealed a relationship between Facebook and lawmakers with distance, shading from incomprehension to distrust to antagonism, on both sides.

Many of those watching the hearings noted the Senators’ and Representatives’ clunky and repetitive lines of questioning, their difficulty choosing the precise terminology to communicate the technological gist of their inquiries, and the inability of a five-minute oral format to properly convey — and convey strictly enough to reign in a witness looking for a question’s easiest possible interpretation — the nuance in, for example, the points made by Senators Blunt and Wicker about Facebook’s cross-platform tracking between a device hosting a logged-in Facebook app and a device registered to the same user but lacking the Facebook login.

One could imagine a more collegial relationship between Facebook and Washington DC, in which representatives would have discussed their questions with Zuckerberg and his team at greater length, and perhaps behind closed doors, and could use the testimonial hearing format to place prior agreements and understandings on the record. Facebook’s apparent openness to exploring regulation should be taken as an opportunity by policymakers, both to craft regulation that may need to be complex — to cover the myriad ways in which data can be collected and mixed, and to ensure that a savvy company can’t avoid both compliance and detection — and to forge a closer relationship between the tech giant and its community representatives. That may require Zuckerberg visiting Washington a little more often, and it will also require the acquisition of more technological knowledge and expertise by legislators and their staff, which may require them to visit Silicon Valley more, too.


Views expressed here do not necessarily represent those of the Freeman Spogli Institute for International Studies or Stanford University, both of which are nonpartisan institutions.

 

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Encina Hall, C148
616 Jane Stanford Way
Stanford, CA 94305

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Olivier Nomellini Senior Fellow at the Freeman Spogli Institute for International Studies
Director of the Ford Dorsey Master's in International Policy
Research Affiliate at The Europe Center
Professor by Courtesy, Department of Political Science
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Francis Fukuyama is Olivier Nomellini Senior Fellow at Stanford University's Freeman Spogli Institute for International Studies (FSI), and a faculty member of FSI's Center on Democracy, Development, and the Rule of Law (CDDRL). He is also Director of Stanford's Ford Dorsey Master’s in International Policy Program, and a professor (by courtesy) of Political Science.

Dr. Fukuyama has written widely on issues in development and international politics. His 1992 book, The End of History and the Last Man, has appeared in over twenty foreign editions. His most recent book,  Liberalism and Its Discontents, was published in the spring of 2022.

Francis Fukuyama received his B.A. from Cornell University in classics, and his Ph.D. from Harvard in Political Science. He was a member of the Political Science Department of the RAND Corporation and of the Policy Planning Staff of the US Department of State. From 1996-2000 he was Omer L. and Nancy Hirst Professor of Public Policy at the School of Public Policy at George Mason University, and from 2001-2010 he was Bernard L. Schwartz Professor of International Political Economy at the Paul H. Nitze School of Advanced International Studies, Johns Hopkins University. He served as a member of the President’s Council on Bioethics from 2001-2004.  

Dr. Fukuyama holds honorary doctorates from Connecticut College, Doane College, Doshisha University (Japan), Kansai University (Japan), Aarhus University (Denmark), and the Pardee Rand Graduate School. He is a non-resident fellow at the Carnegie Endowment for International Peace. He is a member of the Board of Trustees of the Rand Corporation, the Board of Trustees of Freedom House, and the Board of the Volcker Alliance. He is a fellow of the National Academy for Public Administration, a member of the American Political Science Association, and of the Council on Foreign Relations. He is married to Laura Holmgren and has three children.

(October 2024)

CV
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CDDRL
Stanford University
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616 Jane Stanford Way
Stanford, CA 94305-6055

(650) 724-6448 (650) 723-1928
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Mosbacher Senior Fellow in Global Democracy at the Freeman Spogli Institute for International Studies
William L. Clayton Senior Fellow at the Hoover Institution
Professor, by courtesy, of Political Science and Sociology
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MA, PhD

Larry Diamond is the William L. Clayton Senior Fellow at the Hoover Institution, the Mosbacher Senior Fellow in Global Democracy at the Freeman Spogli Institute for International Studies (FSI), and a Bass University Fellow in Undergraduate Education at Stanford University. He is also professor by courtesy of Political Science and Sociology at Stanford, where he lectures and teaches courses on democracy (including an online course on EdX). At the Hoover Institution, he co-leads the Project on Taiwan in the Indo-Pacific Region and participates in the Project on the U.S., China, and the World. At FSI, he is among the core faculty of the Center on Democracy, Development and the Rule of Law, which he directed for six and a half years. He leads FSI’s Israel Studies Program and is a member of the Program on Arab Reform and Development. He also co-leads the Global Digital Policy Incubator, based at FSI’s Cyber Policy Center. He served for 32 years as founding co-editor of the Journal of Democracy.

Diamond’s research focuses on global trends affecting freedom and democracy and on U.S. and international policies to defend and advance democracy. His book, Ill Winds: Saving Democracy from Russian Rage, Chinese Ambition, and American Complacency, analyzes the challenges confronting liberal democracy in the United States and around the world at this potential “hinge in history,” and offers an agenda for strengthening and defending democracy at home and abroad.  A paperback edition with a new preface was released by Penguin in April 2020. His other books include: In Search of Democracy (2016), The Spirit of Democracy (2008), Developing Democracy: Toward Consolidation (1999), Promoting Democracy in the 1990s (1995), and Class, Ethnicity, and Democracy in Nigeria (1989). He has edited or coedited more than fifty books, including China’s Influence and American Interests (2019, with Orville Schell), Silicon Triangle: The United States, China, Taiwan the Global Semiconductor Security (2023, with James O. Ellis Jr. and Orville Schell), and The Troubling State of India’s Democracy (2024, with Sumit Ganguly and Dinsha Mistree).

During 2002–03, Diamond served as a consultant to the US Agency for International Development (USAID) and was a contributing author of its report, Foreign Aid in the National Interest. He has advised and lectured to universities and think tanks around the world, and to the World Bank, the United Nations, the State Department, and other organizations dealing with governance and development. During the first three months of 2004, Diamond served as a senior adviser on governance to the Coalition Provisional Authority in Baghdad. His 2005 book, Squandered Victory: The American Occupation and the Bungled Effort to Bring Democracy to Iraq, was one of the first books to critically analyze America's postwar engagement in Iraq.

Among Diamond’s other edited books are Democracy in Decline?; Democratization and Authoritarianism in the Arab WorldWill China Democratize?; and Liberation Technology: Social Media and the Struggle for Democracy, all edited with Marc F. Plattner; and Politics and Culture in Contemporary Iran, with Abbas Milani. With Juan J. Linz and Seymour Martin Lipset, he edited the series, Democracy in Developing Countries, which helped to shape a new generation of comparative study of democratic development.

Download full-resolution headshot; photo credit: Rod Searcey.

Former Director of the Center on Democracy, Development and the Rule of Law
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Stanford, CA 94305-6055

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Director, Freeman Spogli Institute for International Studies
Ken Olivier and Angela Nomellini Professor of International Studies, Department of Political Science
Peter and Helen Bing Senior Fellow, Hoover Institution
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PhD

Michael McFaul is Director at the Freeman Spogli Institute for International Studies, the Ken Olivier and Angela Nomellini Professor of International Studies in the Department of Political Science, and the Peter and Helen Bing Senior Fellow at the Hoover Institution. He joined the Stanford faculty in 1995. Dr. McFaul also is as an International Affairs Analyst for NBC News and a columnist for The Washington Post. He served for five years in the Obama administration, first as Special Assistant to the President and Senior Director for Russian and Eurasian Affairs at the National Security Council at the White House (2009-2012), and then as U.S. Ambassador to the Russian Federation (2012-2014).

He has authored several books, most recently the New York Times bestseller From Cold War to Hot Peace: An American Ambassador in Putin’s Russia. Earlier books include Advancing Democracy Abroad: Why We Should, How We Can; Transitions To Democracy: A Comparative Perspective (eds. with Kathryn Stoner); Power and Purpose: American Policy toward Russia after the Cold War (with James Goldgeier); and Russia’s Unfinished Revolution: Political Change from Gorbachev to Putin. He is currently writing a book called Autocrats versus Democrats: Lessons from the Cold War for Competing with China and Russia Today.

He teaches courses on great power relations, democratization, comparative foreign policy decision-making, and revolutions.

Dr. McFaul was born and raised in Montana. He received his B.A. in International Relations and Slavic Languages and his M.A. in Soviet and East European Studies from Stanford University in 1986. As a Rhodes Scholar, he completed his D. Phil. In International Relations at Oxford University in 1991. His DPhil thesis was Southern African Liberation and Great Power Intervention: Towards a Theory of Revolution in an International Context.

CV
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